Trouble de l’attention, difficultés émotionnelles, TDAH, les termes et leur signification ont la vie dure…
De nos jours, la masse d’informations sur les sujets divers et variés peuvent facilement nous perdre dans les méandres de notions que les médias tentent parfois maladroitement de clarifier.
Les neurosciences font partie de ces domaines, puisqu’il semblerait que le sujet soit de plus en plus « à la mode », offrant pléthore d’informations, notamment en ce qui concerne le TDA/H.
Aujourd’hui, le but n’est pas de disserter sur le trouble en lui même (vous trouverez plus de détails sur le TDA/H et ce qui le compose en cliquant sur ce lien), ni sur la pertinence de vulgariser le sujet (pour moi ce n’est plus à démontrer), mais plutôt de revenir sur l’une de ses trois composantes : l’inattention.
Trouble ou pas ?
Si vous vivez régulièrement ce genre de manifestations et que vous vous intéressez au développement personnel et à la connaissance de soi, alors vous vous êtes certainement déjà posé la question de savoir si vous êtes « victime » d’un TDA/H :
· Perdez régulièrement vos objets;
· Ne suivez pas les instructions;
· Êtes souvent dans les nuages;
· Oubliez vos rendez-vous…
Vous, parents d’enfants concernés ou adultes concernés vous-mêmes, vous le savez que ce dont on parle ne se résume pas à quelques manifestations dans la vie courante. Ce type d’information vous fait sourire ou vous agace. Car, après tout, la réalité y ressemble, mais c’est souvent tellement plus complexe et parfois douloureux :
« Tu ne m’écoutes pas quand je te parle ! Si, je t’écoute, mais je n’ai pas entendu ! »
« Pourrais-tu faire un peu attention ! Je suis désolé/e, je ne le fais pas exprès ! »
« Oh pardon ! J’ai oublié ! »
« Ah bon il était triste ? oh ben je n’ai rien capté… d’ailleurs, de quoi parlait-il exactement ?»
… et j’en passe ! Vous connaissez aussi ces situations répétées ? Vu de loin, c’est parfois cocasse, j’en conviens, surtout lorsque nous ne sommes pas concernés. Toutefois, quand ce manque d’attention quasi continuel interfère avec la vie professionnelle ou familiale par exemple, c’est nettement moins amusant et les choses peuvent prendre une tournure quelque peu amère.
Mais alors, où placer le curseur ? Quand parle-t’on de trouble ? quelle est la différence entre un trouble et une difficulté attentionnelle ?
En bref, une singularité est reconnue comme étant un trouble à partir du moment où elle a des répercussions dans un ou plusieurs domaines de la vie de la personne concernée, l’empêchant d’évoluer correctement.
Vous arrivez malgré tout à vivre avec ces particularités et vous vous en sortez bien que ce soit au niveau personnel, familial ou professionnel ? alors ce n’est pas un trouble à proprement parler. Appelons plutôt cela des difficultés attentionnelles. Vous l’aurez compris, comment beaucoup de choses, nous avons affaire ici à un spectre. Vous pouvez avoir des difficultés attentionnelles sans avoir de TDAH.
À l’origine, un mauvais tri des informations ?
Sans entrer dans l’aspect technique ou médical du sujet, j’aimerais rapidement rappeler quelque chose. La capacité à trier les informations et à prioriser les idées est primordiale dans l’appréhension du monde et le passage à l’action. Nous ferions fausse route à nier l’impact de cette réalité dans la compréhension du TDA/H.
Chez les personnalités dites « typiques »
Pour ces personnes, trier l’information se fait automatiquement. Le cerveau a tôt fait de mettre à la porte les données inutiles ou sans importance : le tic-tac de l’horloge, la conversation à la table voisine ou encore le chien qui aboie en bas de l’immeuble…
Alors, oui bien sûr, d’autant plus dans notre monde connecté, la distraction peut survenir facilement, ainsi que par exemple l’agacement devant un bruit qui dérange. Mais c’est là quelque chose de naturel et de relativement rare. Les oublis sont plutôt exceptionnels et périodiques. Et le cerveau faisant bien son boulot, les infos et les idées sont vite classées par ordre d’importance et rangées dans des tiroirs bien étiquetés.
Et dans la tête, chaque chose est bien à sa place.
La personne typique n’a donc à priori pas ou peu de difficulté à se concentrer, même si la tâche est répétitive. Bien plus, tout est étant bien classé, elle n’a pas de problématique à retrouver, quand nécessaire, les informations accumulées.
C’est pratique et surtout efficace !
Chez les personnes touchées par le trouble de l’attention
Chez les personnes souffrant d’un TDAH, tout est plus compliqué et… complexe !
Imaginez un sapin de Noël même si ce n’est pas de saison. Si vous êtes un tant soit peu malins ou bricoleurs, vous vous êtes sûrement débrouillés pour connecter toutes vos guirlandes lumineuses à un seul bouton. Une pression sur cette petite touche et la magie s’opère ! Tout s’allume d’un coup pour créer cette ambiance chaleureuse et bienfaisante tant aimée des petits et grands.
Voilà une métaphore intéressante pour illustrer comment c’est dans la tête d’une personne avec un TDA/H. C’est beau, mais c’est tout en même temps. Pourquoi ? parce que le cerveau ne fait pas le tri automatiquement. Il ne classe pas les informations par ordre d’importance et ne filtre pas d’emblée les stimuli extérieurs. Il embrasse tout à la fois et sans ordre précis. C’est un peu comme si on troquait la bibliothèque communale contre un bazar ou un souk. Tout est là, pêle-mêle !
C’est coloré et vivant, mais on s’y perd un peu… beaucoup !
Le Trouble de l’attention ? Ça ressemble à quoi ?
L’inattention existe, nous n’allons pas le nier. C’est ce que nous retenons en général du TDAH. De fait, dans la pratique, cela implique beaucoup de distractibilité. Les stéréotypes n’en sont plus vraiment si nous les replaçons dans leur contexte plus global. Très cérébrale, la personne concernée passe beaucoup de temps dans sa tête — c’est un monde si riche ! — et elle peut possiblement perdre le contact avec son environnement et ses propres besoins physiques.
À moins d’être stimulée en suffisance, elle aura du mal à tourner son attention vers ce qui se passe autour d’elle. Peinant à prioriser les informations manuellement, le cerveau sera naturellement attiré par ce qui le stimule le plus. L’ennui, la routine, la monotonie sont autant de choses qui effraient la personne touchée par un trouble d’inattention.
Pour être efficace, le cerveau TDAH a besoin de diversité et de stimulation.
Vous, parents ou conjoints d’un proche concerné, sachez bien que ce n’est pas sciemment qu’il néglige ses devoirs ou ses corvées, même si cela peut arriver. Il ne fait pas exprès non plus de ne pas vous écouter ou de tout oublier.
L’oreille distraite ou le regard perdu dans les nuages, il se peut bien que l’enfant ou l’adulte TDAH se soit encore perdu dans les méandres du souk ou dans la magie du sapin de Noël. C’est beau, c’est coloré et vivant, mais c’est compliqué et tellement distrayant !
Ce monde-là est parfois aussi un refuge face à l’hyperstimulation du monde extérieur qui peut être perçu comme une agression émotionnelle ou sensorielle. Trop d’information, trop de stimuli, mal gérés par le cerveau, font que la personne tend à se retirer dans sa bulle intérieure, souvent inconsciemment.
Le trouble de l’attention : un déficit ou une problématique de régulation ?
Il est vrai que quand on le vit, en tant que personne concernée ou proche, les premières constatation flagrantes que l’on peut poser sont que les capacités attentionnelles sont bien en dessous de la norme, voire inexistante dans certaines situations (surtout quand la motivation n’est pas là).
Seulement, comme mentionné ci-dessus, ce que l’on constate également, c’est qu’il peut y avoir une mobilisation importante de l’attention quand intérêt il y a… on va même souvent vers de l’hyper-focalisation (phénomène qui pousse à porter tout son intérêt sur quelque chose). En effet, la personne touchée par le TDAH est tout à fait capable de se concentrer dans certaines situations, ce qui fera parfois dire à l’entourage : « tu le fais exprès ! Quand tu le veux, tu peux très bien te concentrer, notamment lorsque tu fais tes jeux vidéos ! ».
Je vous propose donc d’aller au-delà du terme « déficit ». Et si, après tout, le trouble qui nous occupe n’était pas tant un manque d’attention — comme quelque chose qui ferait défaut — mais bien plutôt une difficulté à réguler cette attention, à la distiller au bon moment et dans le bon contexte, de la façon la plus optimale ?
La question est complexe et pour y réfléchir, il y aurait lieu de définir les quatre attentions distinctes et le but de chacune. Je promets que j’y reviendrai dans un tout prochain article.
L’hyperfocalisation dans le contexte du TDA/H
Qu’est-ce que c’est ?
L’autre aspect à prendre en compte dans la compréhension du trouble de l’attention, c’est l’hyperfocalisation ou cette concentration intense et profonde pendant une durée prolongée, typique au TDAH et qui peut faire perdre toute notion de temps. C’est un phénomène assez particulier où tout l’être semble être totalement absorbé ou captivé par l’activité en cours.
L’enfant qui néglige ses devoirs, mais qui peut rester des heures à lire ou à jouer, ça vous rappelle quelqu’un ? Eh bien, c’est peut-être cette expérience-là que votre enfant fait à ce moment précis.
Vous êtes tellement plongé dans la rédaction de votre e-mail ou dans la création d’un projet personnel que vous ne vous rappelez pas même avoir répondu à votre partenaire qui tâche de vous rappeler à l’ordre. Alors, vous êtes probablement passé en mode « hyperfocalisation ».
Comme tout avec le TDAH, c’est pour le pire et le meilleur !
Qu’est-ce ça implique?
Cela peut poser des problèmes et voici un exemple : vous faites bien attention sur la route à rester concentrer, mais vous accomplissez si bien votre tâche, qu’au final vous perdez complètement la notion de ce qui vous entoure au-delà de votre champs de vision et ne voyez pas le piéton qui s’apprête à traverser.
Pour le meilleur ? On pourrait dire beaucoup de choses ici… l’hyperfocalisation étant un peu le superpouvoir du TDAH. Si, si ! Encore, nous faut-il, être conscient de cette tendance.
Mais c’est bien elle, entre autres, qui allume ce feu de passion dans le regard et c’est intensité dans le geste et dans l’action. C’est elle aussi qui permet d’abattre des montagnes et d’accomplir des choses extraordinaires contre toute attente. Cette détermination si profonde est source d’une grande puissance si la personne concernée apprend à contrôler cette capacité.
Alors oui, bien sûr, tout le monde peut se perdre dans ses pensées ou ses projets à un moment donné dans le temps et l’espace. Mais disons que pour l’enfant ou l’adulte TDAH cela se fait plus fréquemment et plus intensément.
Quelles stratégies pour diminuer les troubles de l’attention
Vous l’imaginez bien : développer ici les techniques préconisées pour tenter d’amoindrir les troubles de l’attention rallongerait l’article de façon significative et vous découragerait d’amblée.
Cependant, je ne peux boucler le sujet sans traiter des actions principales à entreprendre dans le contexte d’un TDA/H.
Préparer le terrain : une bonne hygiène de vie
On en parle de plus en plus aujourd’hui : un mode de vie équilibré et épanoui contribue à faciliter la mobilisation de l’attention et à alléger, un peu, les problématiques liées au TDA/H. Cela implique l’habitude de bien manger, d’avoir un sommeil réparateur et de faire une activité physique.
L’équilibre vie professionnelle / vie personnelle est également en jeu ici. S’il est primordial de trouver une occupation professionnelle enrichissante, il est important de faire en sorte que ce dernier ne prenne pas toute la place, et n’envahisse pas la sphère familiale pour autant.
Une vie sociale nourrissante (et non pas forcément abondante !) n’est pas à négliger.
Tout se situe dans la juste mesure… L’adage bien dans son corps bien dans sa tête s’applique tout particulièrement à notre sujet du jour !
Retour au corps
Parlons-en du corps ! Tellement cérébrale, nous l’avons dit, la personne TDAH oublie parfois qu’elle est faite de chair et d’os. Un retour aux sources ou au centre peut grandement l’aider. Chacun choisira la méthode qui lui convient : la méditation, les activités artistiques ou sportives, les exercices de respiration, les techniques d’ancrage…
Nous avons le choix ! mais l’idée est vraiment d’apprendre à vivre dans l’instant présent et à ralentir. C’est probablement le meilleur moyen pour être moins distrait, pour accorder plus d’attention au monde et aux personnes qui nous entourent.
Être plus ici et maintenant et moins dans les nuages permettra de reprendre peu à peu le contrôle sur l’attention (et tout le reste). Mieux enracinés, les personnes vivront leur TDAH de façon plus sereine.
Les compromis avec son environnement
Pour un mieux-être, certains ajustements doivent être fait dans l’organisation individuelle et familiale.
Un semblant de routine
L’air de rien, un peu de routine peut aider. Je ne parle pas de journées bien réglées comme une partition de musique, non, non, mais plutôt d’un petit cadre qui aide à mieux vivre. Une ligne directrice qui donne l’envie de se lever le matin et un sentiment de satisfaction le soir au coucher. À rien planifier, on finit par ne rien faire. Alors efforçons-nous de jalonner les semaines de petits piliers qui servent de balises dans des vies certes riches mais désorganisées.
Dialogue et compromis
Rappelons ici l’importance de parler avec ses proches, que l’on soit un parent, un partenaire ou un adulte concerné par le TDAH. Il faut discuter, mettre en place des stratégies adaptées, donner des instructions claires et précises, éviter de submerger l’autre d’informations, répartir les tâches dans un tableau si nécessaire…
Chaque famille devra mettre en place ces stratagèmes. Les formules magiques n’existent pas pour ça. À chacun de trouver ce qui lui correspond. Cela prend un peu de temps et beaucoup d’échanges. Mettre à plat les besoins et les attentes réciproques et trouver des compromis qui permettent d’atteindre ensemble les objectifs fixés, voici la clé d’une communication fructueuse.
En conclusion
Le sujet est vaste et terriblement passionnant. Il sera d’ailleurs approfondi sous plusieurs aspects. Les recherches n’arrêtent pas de mettre en lumière de nouveaux éléments de compréhension du TDAH et j’ai encore une multitudes de choses à vous transmettre à ce propos.
J’espère que vous aurez eu quelques éclairages et que vous saurez vous laisser inspirer par les quelques recommandations ci-dessus. Vous en avez d’autres ? vous avez mis en application des choses qui vous ont beaucoup aidé(e) ? alors n’hésitez pas à nous faire part de votre expérience.
Vous souhaitez être accompagné(e) que ce soit pour vous ou pour votre enfant ?
Je vous offre un premier entretien complètement gratuit et sans engagement – en présentiel à Genève ou en visio – qui sera dédié à parler de votre problématique et d’envisager, ensemble, quelles sont les actions que nous pourrions mener en fonction de vos objectifs.