J’ai suivi il y a quelques mois une très bonne formation de deux jours animée par Mme Christel Petitcollin visant à développer des techniques d’assertivité face aux manipulateurs. Ces deux jours furent réellement riches en émotions et remplis d’enseignements.

Je vous entends penser : « ah ça y est… on y retourne, on en a marre de tous ces termes à la mode ! ». Oui, c’est vrai, le terme de « pervers narcissique » est à la mode, certes. Celui de manipulateur un peu moins, mais quand même.

Un terme fourre-tout ? oui peut-être parfois… il est tentant d’affubler un(e) ex avec qui la relation et/ou rupture s’est mal passée ou un patron profitant un peu trop de son rôle du titre de pervers narcissique / manipulateur. Et alors ? oui, posons-nous la question de la gravité de ces déviances verbales ou abus de langage. Quelles en sont les conséquences ? aucune… enfin si peut-être, celle d’augmenter le nombre de personnes averties… Est-ce si grave ?

Si vous le voulez bien donc, laissons cet aspect de côté pour attaquer le fond de cet article. Vous m’y suivez ?

« Ce qui est difficile avec un PN/manipulateur, c’est d’arriver à se sortir de la relation. Ce qui est encore plus compliqué, c’est de s’en sortir indemne.» Auteur inconnu.

Oui, et c’est rare d’y arriver. On y laisse des plumes à tous les coups. Pendant la relation – qu’elle soit personnelle ou professionnelle – mais aussi en y mettant fin, voire même après. Je ne reviendrai ici pas sur toutes les techniques pour s’en rapprocher et atteindre ce but sans trop de heurts, ce n’est pas le but.

J’aimerais vous proposer un autre point de vue. Et si le remède face à un PN/manipulateur était l’anticipation ? Là vous aurez envie de me répondre : « mais il est justement imprévisible, comment anticiper ? ». Oui, nous sommes d’accord, il est imprévisible…. Objectivement imprévisible !

Mais ici je vous demande de quitter l’objectivité… c’est d’ailleurs certainement l’aspect le plus important dans cette anticipation que je vous propose. Parce que c’est bien, au départ, cette objectivité qui vous propulse dans son tourbillon… c’est aussi cette objectivité qui ensuite vous enfonce encore et encore dans cette relation. Est-ce cette objectivité qui vous pousse à vous sortir de là ? non… c’est le réflexe de vie.

C’est connu, la victime d’un manipulateur, surtout dans les débuts de la relation, tentera par tous les moyens de trouver une explication logique aux agissements incohérents de son interlocuteur. Or, c’est encore connu, il n’y a aucune explication logique à apporter si ce n’est celle que son but est de faire le mal… vous allez mal, il va bien… vous allez bien, il va mal. Mais ça, surtout pour un Etre tout en sensibilité et en empathie, c’est difficile à comprendre et intégrer.

Et si on revenait à cette satanée objectivité. Qu’elle est pesante celle-là parfois. Et si on s’en débarrassait au bon moment ?! Réfléchissez-y bien et imaginez : à quoi l’objectivité laisserait-elle alors la place ? la subjectivité… qu’est-ce que la subjectivité ? l’intuition. Bravo, bingo nous y sommes.

Hop réflexe d’objectivité : « oui mais comment faire confiance à une intuition ?! »… et bien je vous propose de partir du postulat que ce que vous nommez « intuition » n’est en fait pas une lubie ou une idée venue de nulle part. Je vous propose de considérer cette intuition plutôt comme le rendu de vos expériences accumulées et apprentissages acquis. Vous me suivez ?

N’oublions pas que nous apprenons de chacune des situations que nous rencontrons : un regard, un mot, une incohérence, une histoire, un geste, etc… lorsque l’intuition surgit, c’est une multitude d’éléments qui se regroupent.

Maintenant que nous avons saisi la notion, replongeons-nous dans cette histoire que nous avons déjà entendue ou pire, vécue. Rembobinons le fil et revenons aux tous premiers instants.

Et bien je mettrais ma main à couper qu’elle était là cette intuition :

« Bizarre, il/elle a l’air vraiment charmant(e), il/elle a tout pour plaire et vraiment nous sommes sur la même longueur d’ondes, mais pourquoi ai-je ce sentiment étrange que tout n’est pas comme il y paraît? »

« Ce poste a l’air fait pour moi et ce patron doit être parmi les meilleurs patrons du domaine. Ca a l’air trop beau, et pourtant, tout me laisse penser qu’il est digne de confiance. Alors pourquoi est-ce que je me sens si méfiante? »

La voilà l’intuition dont je vous parle !

Quelle a été votre réponse « objective » à ces questionnements ? ne dîtes rien… j’imagine peut-être un : « je suis idiote à être toujours méfiante de tout le monde comme ça ! je ne rencontrerai plus de si tôt un homme/une femme comme lui/elle.» ou encore « je vais arrêter avec mes états d’âme sinon ça va encore une fois me faire rater un job et celui-là a l’air en or ! » ou même tout simplement un : « qu’est-ce que je fais là ? j’ai envie de partir… bon j’arrête de fuir maintenant!».

Que se passe-t’il pour que vous vous fassiez taire comme ça ? ne méritez-vous pas un peu plus de confiance ? Que conseilleriez-vous à un(e) ami(e) qui vous raconte ça ? certainement de s’écouter.

Je sais, oui : c’est plus facile à dire qu’à faire. Une des techniques proposées pour faire face à des manipulateurs, voire simplement des gens qui dépassent les bornes (oui tout simplement ça existe aussi hein), c’est de fixer des limites. Nul besoin de les leur communiquer, non… juste décider quelles sont vos limites et les tenir. Etre décidé à les faire tenir par tous ceux qui auraient envie de les outre-passer et être prêt à ne pas céder. C’est alors incroyable de constater comme votre posture change, quasiment naturellement.

Ca vaut pour toutes les relations que nous entretenons avec l’extérieur, mais ça vaut aussi avec soi-même, vous ne pensez-pas? Vous pourriez décider de vous fixer des limites à vous-même… Et si l’une des limites à ne pas franchir était celle de faire taire votre voix intérieur, votre intuition, quand elle essaie de vous parler ?

Pas complètement convaincu(e) ? alors dîtes-moi… combien de fois votre intuition – pour autant que vous l’ayez écoutée – vous a amenée sur une mauvaise voie ? il en existe peut-être, mais est-ce qu’ils sont la majorité ? je suis persuadée que non, je sais à qui je m’adresse.

Alors pourquoi ne pas décider, dès aujourd’hui, que votre intuition (donc vos acquis) mérite toute confiance ?

Sortez de l’objectivité, ressentez et écoutez !