Venez, je vous emmène !

J’avais envie, aujourd’hui, de vous faire plonger avec moi dans ce qui est (attention scoop 😉 ) une situation relativement courante dans ma vie de tous les jours (“oh waouw, elle est coach et elle dysfonctionne aussi ! incroyable…”) ; pour autant que j’ai une vie de tous les jours, d’ailleurs, puisqu’il semble que je prenne un malin plaisir à ne surtout pas vivre les choses répétitives et de façon sereine… mais ça c’est un autre sujet qui fera probablement l’objet, un jour, d’un autre article. Bref !

Laissez-moi donc vous présenter celui qui m’accompagne depuis de nombreuses années maintenant : le doute, que dis-je MON doute. Aussi loin que je me souvienne, nous nous sommes acoquinés déjà durant mon adolescence, mais à bien y réfléchir et si je fouille dans ma mémoire, nous nous étions déjà rencontrés quand j’étais plus petite.

Vous aussi vous le connaissez ce compagnon omniprésent et terriblement envahissant, un peu farouche et peu discipliné, n’en faisant qu’à sa tête, n’est-ce pas ?

Tel un ver dans la pomme, il ronge. Il se fraie une route et avance, doucement mais sûrement. Il s’installe, se fait une demeure et si on ne l’invite pas à reprendre le chemin de la sortie, y dépose ses valises signant pour un bail à long terme. C’est là que commence la longue procédure, que dis-je la lutte, pour essayer enfin de l’expulser.

Avez-vous remarqué comme plus le sujet est sensible, plus le ver est gros, rapide et tenace ? A croire que l’un est fonction de l’autre…

“Essoufflée, j’ai décidé de m’écouter.”

Et pourtant, malgré ce doute tellement envahissant et fragilisant, cette décision je l’ai prise, convaincue, combattante, fatiguée de me limiter, d’imaginer le pire, de me saboter… Essoufflée, j’ai décidé de m’écouter !

Oui mais voilà, l’accalmie fut de courte durée. C’est alors que ce quelqu’un ou quelque chose me répéta en boucle “tu n’aurais pas dû !” “Tu t’es emballée !” “Tu as laissé parler tes tripes et c’est la raison qui sait ce qui est bon pour toi…” “Encore une fois, tu plonges dedans” “on court au drame…” “tu ferais mieux de réfléchir !” “tu ne vaux rien, tu ne sais rien, quelle prétention tu peux avoir ?!” etc etc…

Sympa comme relation non ? Qui est-ce ? J’ai beau lui répondre, me défendre, reprendre les choses depuis le début, argumenter : rien n’y fait, il démonte ma défense point après point soigneusement, sans s’en lasser, tel un ours qui attend en bas de l’arbre (oui c’est la première métaphore qui m’est venue… à creuser donc si vous avez des pistes…) et moi je me sens comme dans des sables mouvants, je m’enfonce, je m’enlise, je me fige, j’ai peur, il gagne…

Je la connais par cœur cette voix…

Certains l’appellent le saboteur, mais je crois que c’est une façon détournée de se distinguer de ce “personnage” indésirable. Personnellement, j’ai l’impression de me mentir à moi-même si je fais ça… Oui, parce que je la connais par cœur cette “petite” voix, cette façon de parler, cette façon d’être dans les mauvais jours… Je la connais depuis des années d’ailleurs. Ce n’est autre que moi !

Et puis zut, j’en ai marre de lutter, car finalement ça n’évolue pas, ni en bien, ni en mal. Les mêmes schémas se répètent, inlassablement, et avec eux, tout leur lot de stress, de tristesse, d’angoisse même parfois.

Fini, cette fois-ci, je change de stratégie !

M. Albert Einstein disait : “La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent.”. Alors hop, j’enclenche le bouton : je mets sur “cerveau divergent” et je sors de ma zone de confort.

Oui, j’ai assez appris sur la CNV (communication non violente) pour pouvoir l’utiliser à bon escient. Je vais donc l’accueillir ce doute, lui faire une place autour de la table, lui servir à boire et entamer le dialogue. Rentrons en négociation puisque c’est ainsi.

Je l’imagine volontiers comme un petit enfant (et j’en ai deux à la maison, je sais ce que c’est !) qui trépigne, tape du pied, fait quelques bêtises, chouine, va même jusqu’à blesser… oui, c’est celà, me voilà en face d’un enfant qu’on qualifierait de capricieux mais qui, à mes yeux, n’en est rien. Non, son comportement est induit par une réelle préoccupation.

Phase 1 : “allé viens”

Voilà donc la première conclusion que je retiendrai : je sais qu’il n’est pas là pour m’ennuyer, il a une fonction. Fini de le considérer comme mon ennemi, fini de se regarder en chiens de faïence. Je fais le dos rond et m’approche, ouverte et prête à écouter et recevoir. Mon intuition – tiens, la voilà celle-là – me dit que je dois m’en faire un ami, l’apprivoiser. A deux nous serons plus forts.

Et puis, pourquoi vouloir le détruire, l’expulser? il s’agit de moi après tout non ? brrrr avouez qu’il y a de meilleures perspectives à entrevoir que celles de se passer d’un aspect de sa personnalité.

Je laisse tomber mes craintes (ahaha facile à dire!). Pour mener une bonne négociation, il faut qu’elle soit équitable. Chacun doit donc être bien assis sur ses positions, reposant sur ses certitudes. Je vous “entends” déjà : “mais comment avoir des certitudes quand on doute ?”… la question est légitime, certes. Mais ce que j’aimerais vous proposer, c’est de revoir votre positionnement. En accueillant ce doute, vous changez de schéma et mettez un terme aux rapports de force. Vous entrez en communication, prêt(e) à échanger. Vous apportez vos réflexions, vous n’argumentez plus… vous accueillez ses mots, vous ne les subissez plus.

Phase 2 : “dis-moi ce dont tu as besoin”

Le voilà donc en face de moi. Je me sens un peu intimidée, mais – chose incroyable, déjà bien plus sereine pour reprendre le dossier. Mon but, maintenant, va donc être d’essayer de comprendre ce dont il a besoin et lui répondre, autant que faire se peut, en conséquence. Le rassurer sur ses inquiétudes est définitivement la meilleure stratégie qui soit pour en faire un allié… je suppose… peut-être pas… mais si je le sais… enfin je le sais… non, stop, j’en suis sûre!

De quoi parle donc mon doute ? et bien de ses peurs… fondées ou non d’ailleurs n’est-ce pas? mais il ne ressent que des peurs et angoisses. Or, interro surprise : à quoi sert la peur? à prévenir le danger, exactement! Tiens, je commence quand même à l’apprécier celui-là et à entrevoir un peu mieux son utilité. Reste donc à le calmer, pour qu’il soit moins dans les extrêmes.

Phase 3 : “non mais parce qu’en toute objectivité…”

Pour contrer cet esprit galopant que moi-même et mon doute avons, je ressens le besoin souverain de rester dans le concret. Attachons-nous à des faits et non à des suppositions que finalement, autant moi que mon doute, affectionnons tellement… il faut bien le dire.

Allé j’y plonge dans le concret et j’analyse (imaginez que je chausse mes lunettes en faisant une moue d’expert).

Comment ai-je mené à bien mes projets? non! stop… ce n’est pas du qu’à la chance. Impossible d’être aussi chanceux. Et non, ce n’est pas dû qu’aux éléments extérieurs, réfléchissons… quelles sont les qualités et capacités que j’ai déclenchées dans les différents projets menés à bien? Elles peuvent certainement me servir dans la réalisation de ce projet.

Et dans les projets que j’ai malheureusement ratés – oui, parce qu’autant ne pas se voiler la face hein, tout n’a pas été une complète réussite – ai-je compris le pourquoi ? ai-je entrepris des actions pour contrer les éventuelles failles? si non, en ai-je au moins pris conscience? une chose qui est certaine, c’est que j’ai tiré beaucoup d’enseignements de mes échecs.

Passons au projet en question… comment ai-je été amenée à prendre cette décision? je sais que je ne l’ai pas prise sur un coup de tête, même si ça semblait être le cas. Je me connais, la réflexion a été longue avant ça. Peut-être pas forcément dirigée exclusivement dans cette direction, mais l’analyse des différents tenants et aboutissants a été faite à un moment donné ou à un autre. Alors quels sont les éléments concrets qui vont dans mon sens ? même si j’ai du mal à l’expliquer – comme c’est souvent le cas – je le sais dans mon fort intérieur.

Oui, j’assieds ma décision. C’était la bonne, à ce moment-là, pour moi et à mes yeux. Non mais parce qu’en toute objectivité, elle n’a de loin pas été que ressentie cette décision, elle a finalement été aussi réfléchie. Couplons à ça l’émotion vécue à ce moment-là, je ne peux définitivement pas être sur la mauvaise voie.

Phase 4 : “bon alors maintenant, parlons !”

Maintenant que tout ça est posé, passons au dernier point : celui de la négociation.

Ok ! tu me dis qu’on court droit dans le mur, mais posons sur papier les potentielles conséquences et ce en toute objectivité. Quelles sont elles? Est-ce si grave? Quels sont les plans de rechange ? Vais-je réussir à retomber sur mes pattes si ma décision devait s’avérer mauvaise? Je les ai ces réponses. Oui, tout ça je l’ai ai déjà tourné et retourné dans ma tête moultes fois avant de prendre cette décision.

Souvent, quand on pose noir sur blanc les risques encourus et les solutions envisagées dans le cas des scénarios les moins réjouissants, même si on se les était figurés avant, ils deviennent subitement moins impressionnants. Ils sont dits, pensés. Les solutions sont réfléchies ou du moins, elles peuvent l’être dans le cas contraire.

Je viens de transformer un obstacle en partenaire

Je ne sais pas dans quel état d’esprit vous vous trouvez alors, mais personnellement, je me sens bizarrement bien plus légère ! et ce doute qui me tourmentait semble être rassuré, lui aussi, prêt à se lancer – certes plus prudemment que moi, mais au final, n’est-ce pas là le fondement d’une formidable équipe – dans l’aventure.

Je viens de transformer un obstacle en partenaire, voire même en levier! Je viens de m’accorder encore un peu plus d’assurance puisque les doutes de mon doute me permettent d’être plus lucide et de voir les choses sous un angle différent… ok, là je vous ai perdus!

Tiens, vous voyez cette merveilleuse contradiction? Si, si, relisez… J’avance donc le fait que mes doutes m’envahissent quand je fais marcher mon intuition pour une décision. Or, finalement, tout ce travail de formalisation que je viens de faire, je l’avais déjà fait avant! Pas sur papier certes, mais dans ma tête oui!

Alors pour le coup, est-ce vraiment sur la base d’une intuition que je prends mes décisions?

Analyser ses réussites, penser à ses forces et s’octroyer un renforcement positif en retour, mieux connaître ses besoins et pouvoir répondre à son “saboteur”… tout ça est un travail qui ne peut pas être fait en une petite heure. Mais l’effort en vaut la chandelle. Personne ne pourra le réaliser à votre place et le but premier, selon moi, est d’acquérir le réflexe de passer par ce processus dès qu’on en ressent le besoin.

N’hésitez pas à vous faire accompagner, une première fois, afin que vous puissiez déterminer une stratégie (j’adore ce terme) personnelle qui vous convient. Chacun est différent et réagit de différente façon aux différentes expériences.

Le doute est le lot quotidien des esprits galopants. Ne plus le voir comme un ennemi ou un obstacle est vital et se révèle au final être un levier époustouflant ! Avec le doute vient la faculté d’avoir des perspectives multiples et toutes différentes et de faire ressortir, de ces perspectives, différents scénarios. Quelle chance, non ?

Ce n’est pas le doute qui fatigue… c’est la lutte contre ce dernier qui éreinte. Arrêtez de vous battre et respirez.